Amendement de la constitution : Les binationaux algériens, une citoyenneté à temps partiel
Cet amendement pose également un problème sur un plan strictement moral, interdire à des algériens l’accès à certains postes au sein de la fonction publique, c’est remettre clairement en question l’authenticité de leur nationalisme. On jette ainsi d’une manière insidieuse une ombre de suspicion sur des millions d’Algériens établis à l’étranger.
Amendement de la constitution :
Les binationaux algériens, une citoyenneté à temps partiel
Pour une constitution qui se voulait consensuelle et cémenteuse de l’unité nationale, force est de constater que dans le cas des binationaux cette dernière est plutôt synonyme d’exclusion et de mépris. En effet, sans ambages ni détours, il est clairement stipulé dans le projet soumis au débat et à «l’enrichissement» que «la nationalité algérienne exclusive est requise pour l’accès aux hautes responsabilités de l’Etat et aux fonctions politiques».
D’emblée, nous croyons que cet amendement souffre d’une insoutenable carence de cohérence en raison des nombreux et sérieux problèmes qu’il soulève et qui sont à la fois de nature juridique, morale et politique.
D’abord cet amendement tel que proposé pose un sérieux problème quant à la notion même de la citoyenneté. Ainsi, les binationaux ne jouiraient plus des même droits que les autres citoyens algériens. Nous voici en présence d’une nationalité à deux vitesses voire à deux étages et une citoyenneté à temps partiel. C’est un amendement discriminatoire puisqu’il prive une partie des citoyens de certains de leurs droits fondamentaux et les place au même niveau que les étrangers. Avec cet amendement, il leur reste un seul droit qui est le passeport.
Cet amendement pose également un problème sur un plan strictement moral, interdire à des algériens l’accès à certains postes au sein de la fonction publique, c’est remettre clairement en question l’authenticité de leur nationalisme. On jette ainsi d’une manière insidieuse une ombre de suspicion sur des millions d’Algériens établis à l’étranger. Ils ne sont plus les membres de la Communauté Nationale établie à l’étranger, ils deviennent à la faveur de cet amendement incongru, la grande menace venant de l’étranger. Pourtant, pendant le colonialisme, les ressortissants algériens, en dépit des conditions extrêmement difficiles et malgré qu’ils aient été établis en France, pays colonisateur, ont été d’un grand apport dans la libération de l’Algérie et n’ont jamais été exclus, accusés ou considérés comme une menace.
Sur un plan politique, nous comprenons mal le sens ni l’objectif visé par une telle démarche, alors que l’Algérie, de l’aveu même des pouvoirs publics, traverse l’une des périodes les plus difficiles de son histoire et au moment où le pays a besoin de tous ses enfants pour garder la tête hors de l’eau, voici que les plus hauts responsables choisissent sciemment de provoquer des schismes et des fragmentations en créant des classes de citoyens dressées l’une contre l’autre. Avec cet amendement, on met également en doute la maturité et le sens de responsabilité du peuple à choisir librement ses représentants quel que soit leur lieu de résidence.
Ainsi un algérien qui a quitté l’Algérie pour le Canada, par exemple, à l’âge de cinquante ans pourrait donc devenir Maire de Toronto ou de Montréal, mais n’aurait pas le droit de devenir Secrétaire Général du ministère des Affaires Religieuses en Algérie. ABSURDE!
Avec cette nouvelle initiative, il appert clairement que ceux qui ont tout fait pour pousser des millions d’Algériens à prendre le chemin de l’exil, essaient aujourd’hui par tous les moyens d’empêcher leur retour au pays.
Nous appelons tous nos concitoyens à se mobiliser contre cet amendement discriminatoire et injuste qui vise à exclure maladroitement environ 20% de sa propre population de participer à la construction du pays.
Dr. Ahmed Mahidjiba
Président de la Fondation Algérienne pour l’Action Citoyenne (FAAC)
https://www.facebook.com/FondationFAAC
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